Baptiste témoigne de son action au Rwanda avec Duhamic-Adri

Baptiste, bénévole de l’équipe de Saint-Etienne, a réalisé une action pépin au Rwanda, chez notre partenaire Duhamic-Adri. C’est dans le cadre d’une année de césure universitaire que s’est inscrite cette volonté d’engagement solidaire. Aujourd’hui, il revient sur ce qui l’a poussé à s’engager auprès de Frères des Hommes, comment s’est passé son accompagnement et son action, mais aussi, comment cette expérience l’a changé personnellement, et dans son engagement militant en France.

Comment as-tu connu l’association ? Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce dispositif bénévole ?

J’ai connu l’association en 2023. Initialement, je souhaitais faire une année de césure que je voulais axer autour de projets solidaires avec l’idée de co-construction, dans le sens de ne pas apporter une aide ponctuelle humanitaire qui n’aurait pas d’effets sur le long-terme. Et en cherchant, puis en discutant avec Louise [ancienne pépin qui avait réalisé une action au Rwanda], ça m’a permis de découvrir Frères des Hommes, ses valeurs et ses projets à l’étranger. Par la suite, je me suis informé plus en profondeur sur la structure. Puis j’ai pris part au processus pour devenir pépin, car j’avais envie d’être porteur de projet. Par la suite, j’ai pu participer à différents ateliers avec les membres de l’association.

Comment tu t’es senti dans ton accompagnement avec ton tuteur ? Et avec le partenaire ?

Initialement, c’était un duo : Paul et Babeth [membres de l’équipe de Saint-Etienne]. Ce qui est plutôt cool, c’était que les échanges avec Paul étaient toujours assez constructifs. Parce qu’il y avait plein de choses que je ne savais pas faire et c’était super rassurant d’avoir ce côté tutorat. J’avais le sentiment d’avoir un filet de sécurité. Puis Babeth connaissait également bien le Rwanda. On a pu se rencontrer en dehors du cadre Pépi, et au-delà du côté tutorat, c’était super d’avoir ce contact avec une personne différente [retraité, engagé dans d’autres causes etc]. Vis-à-vis de la communication avec le partenaire, j’ai pu être rassuré par Babeth qui m’a expliqué certaines choses et m’a donné des outils pour gérer les rendez-vous. Puis, elle m’a aussi aidé au niveau de la campagne de financement participatif, notamment sur le fait de se décomplexer sur cette partie.

Qu’as-tu retenu des formations, en quoi t’ont elles aidées dans ta réflexion sur ton projet ?

J’avais pu participer à des réunions à Saint-Etienne, où Louise [ancienne pépin de l’équipe] présentait son projet, ce qui m’a permis de plus me projeter. Puis je suis venu à Paris faire la formation « Découvrir Frères des Hommes » et c’était l’occasion de rencontrer les membres des autres équipes. Enfin, il y avait aussi des temps d’échanges en ligne entre équipes [appelé aussi « TREC »]. Pour moi c’était important de voir différentes choses, et de ne pas m’engager juste pour une action. Comme c’était une année de césure, il y avait un enjeu de temps, ça nécessitait de bien m’informer sur l’asso.

Peux-tu me parler de ton action ? Pourquoi avoir choisi cette thématique ?

Moi ce qui m’intéressait, c’était de faire un projet en rapport avec l’environnement et les ressources naturelles, puis l’envie de découvrir des nouvelles personnes, des nouvelles cultures, de m’ouvrir sur le monde. Et je m’étais beaucoup renseigné sur le Sénégal et le Rwanda car c’est ce qui m’attirait le plus. Et le hasard a fait que les membres de l’équipe de Saint-Etienne m’ont parlé de Duhamic-Adri, avec qui j’ai pris contact. Et ça tombait à pic puisqu’ils avaient des projets en lien avec mes envies. Par rapport aux projets qu’ils portaient, on a commencé à voir quels axes étaient possibles pour mon action. En effet, je n’avais pas d’idée d’action concrète à ce moment-là, et j’étais très ouvert à ce que faisaient les partenaires.
C’est là où les tuteurs ont été très importants. Après avoir discuté de plusieurs thématiques avec le partenaire, j’ai beaucoup discuté avec Babeth qui avait des connaissances sur le Rwanda. C’est quand on a vu qu’il y avait la possibilité de mener un projet pour faire du charbon vert à partir de déchets végétaux non-utilisés, qu’elle m’a dit qu’« Amakara » voulait dire charbon en kinyarwandais. Cette idée est vraiment née des échanges avec Babeth et le partenaire. Les partenaires connaissaient des communautés qui étaient intéressées. Ils avaient toute la matière première à disposition, donc on choisissait vraiment la réduction de la consommation de bois pour lutter contre la déforestation**. A savoir que même le gouvernement essaye d’encourager les initiatives en ce sens ! Ça correspondait à plein de choses que les partenaires étaient en train de faire.

Quelles ont été tes premières pensées en arrivant sur place, as-tu été surpris par certains éléments ?

**Même si c’est un pays très vert, c’était assez impressionnant de constater la déforestation de mes propres yeux. Sinon, une chose qui m’a marqué, c’était la mobilité : de voir autant de gens qui portaient des choses sur leurs têtes, leurs motos, leurs vélos. Ce n’était pas comme en France où chacun dans la rue va pour faire quelque chose, faire une action, consommer quelque chose, là-bas, les gens se voient. La précarité et la simplicité des infrastructures, des habitations, de l’alimentation aussi. Le fait que tout le monde te regarde dans la rue, parce-que tu es blanc, en particulier dans les campagnes. C’était très perturbant au début, mais si on s’y fait rapidement, car c’était surtout de la curiosité. Et c’est intéressant de voir cette thématique dans l’autre sens, car en France beaucoup peuvent en faire l’expérience. Mais après, j’avais au moins la chance que ça ne soit jamais avec de la méchanceté.

Peux-tu décrire la relation que tu avais avec les populations ? Qu’est-ce que ton action a changé pour eux ?

Avec les bénéficiaires, la principale difficulté c’était la communication. Donc à chaque fois ça passait par l’intermédiaire du partenaire. Du coup, dans un premier temps, il y a eu un peu de méfiance, ce qui est normal, car tu accueilles une personne étrangère qui vient de loin. L’idée était de fabriquer du charbon à partir des résidus végétaux, il y avait beaucoup d’expérimentations à réaliser dans un premier temps, et c’était cool de voir les mêmes personnes qui venaient volontairement pour faire ces tests afin d’améliorer nos techniques. On a fini par briser les barrières grâce à plein de petits gestes, en mangeant ensemble par exemple. Même si on n’avait pas d’échange verbal direct, on avait quand même un lien qui se créait petit à petit à travers ces moments. Ils n’imaginaient pas que c’était possible de réaliser du charbon végétal, ou du moins, que c’était très complexe. Et ils ont réalisé que si, c’était possible, avec un peu d’investissement. Et ce qu’on a utilisé n’était pas non plus très onéreux. Et après un peu de pratique, ce n’était pas si compliqué. Ils ont donc vu qu’il y avait plein de choses réalisables sur le long terme en étant autonome. Proposer une nouvelle source d’énergie et qui soit moins chère que le bois c’était un peu mon objectif. Le petit point qui reste à la fin du projet : comment ça va s’inscrire dans leur utilisation de tous les jours, surtout pour les femmes qui sont les principales concernées par la cuisine et donc l’utilisation de ces énergies. Car des femmes avaient pu tester les premières briquettes qu’on avait créées. Ce qui manque je pense, c’est la vision à long terme : est-ce qu’ils acceptent d’utiliser ce charbon-là ? Les partenaires m’ont dit qu’ils allaient l’utiliser à la prochaine saison sèche. Car c’est ça le principal c’est qu’eux décident s’ils gardent ou pas cette nouvelle technique / énergie et que ça représente un réel bénéfice sur le long terme. C’est qu’ils aient le choix de faire perdurer ça ou de faire autrement. Les principaux bénéfices du charbon vert sont : lutter contre la déforestation, diminuer le temps pour la collecte du bois (car la ratification allongeait le temps de collecte), gagner du temps, gain économique, et gain de santé (car le charbon génère moins de fumée).

Es-tu satisfais de ton action ? Si tu avais à le refaire, tu le referais ? Et si oui, tu changerais des choses ?

Je suis très content de cette action déjà d’un point personnel c’était super enrichissant, ça s’est très bien passé et j’en suis très satisfait. Après j’aimerais voir ce que ça donne sur le long terme. Pour ça, je suis toujours contact avec le partenaire et on discute. Si c’était à refaire, je prendrais un peu plus de temps sur place avec les habitant·e·s.
Décris ton expérience en trois mots :

  1. Partage : des moments, des expériences, des connaissances, des avis, des vécus
  2. Découverte : d’autres cultures, manière de vivre, des échanges
  3. Egalité : le fait de pouvoir échanger les idées et que ça soit horizontal, de construire ensemble

Qu’est-ce que tu as appris sur place ?

La première chose qui me vient, c’est au niveau de l’organisation et de la communication. Au niveau personnel, dans les échanges avec les gens, c’était beau de voir que les personnes étaient aussi solidaires, notamment entre les différents membres du village. Ils n’ont pas du tout hésité à être proactifs et ils étaient conviviaux. Culturellement, c’était aussi très intéressant de voir comment ça se passe. Il n’y avait pas cette pression qu’on peut retrouver un peu plus en France, et je trouvais que ça rendait la conduite de l’action moins stressante et plus agréable.

Y a-t-il un profil, une personne ou une histoire qui t’a particulièrement marqué ?

Un soir, en mangeant dehors, j’ai rencontré un jeune qui s’appelait Marcel, dans la ville où je logeais. Il n’avait pas connu son père à cause du génocide et il avait grandi seul avec sa mère. C’était quelqu’un pour qui la vie n’avait pas toujours été facile. Et quand je l’ai rencontré, c’était un moment où il avait aidé d’autres personnes à traverser des moments difficiles. Il cherchait à travailler sur les troubles psychiques et psychologiques alors qu’il n’était pas de cette formation. C’était un peu sa conviction de vie d’aider celles et ceux qui avaient traversé des événements similaires. Il souhaitait s’éduquer là-dessus pour concrétiser son projet. Il ne faisait pas partie du projet, mais cette rencontre m’a marquée.
Est-ce que ton expérience a donné envie à des proches autour de toi de suivre ton exemple ?
Je pense que ça a un peu débloqué certaines choses : déjà, dans ma famille, la question de la définition d’une action solidaire à l’international. Ça les a poussés à être plus enclins à faire des dons déjà. Rien qu’à la collecte notamment, car faire ce geste leur a montré que la solidarité, ça peut aussi être ça. Puis j’ai un ami qui s’est motivé à faire une action solidaire. L’action n’est pas encore mise en place, mais la graine oui.

Qu’est-ce que cette expérience a changé pour toi ?

La démarche avec Frères des Hommes et la Pépinière m’a encore plus motivé à m’investir dans des projets solidaires dans le futur. Ça m’a prouvé qu’on peut être acteur du changement, que c’est accessible. Actuellement je suis en mission à Madagascar, mais c’est en lien avec mes études. Mais mon engagement va aussi continuer à mon retour en France.

Comment te projettes-tu sur la valorisation de cette expérience ? Qu’as-tu envie de raconter, transmettre, partager ?

Pour mon retour en France, j’aimerais organiser une journée de présentation sous la forme d’une exposition photo avec des temps d’échanges.

Imagine que tu as 80 ans : que garderas-tu de cette expérience ?

Je pense que ce que j’en garderai c’est les gens et les histoires des personnes.


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