Sujet quelque peu méconnu et souvent mal compris, mais qui possède un impact concret sur le développement, la question de l’égalité homme-femme a été au centre de la formation organisée par Batik International et Frères des Hommes le samedi 1er octobre.
« Qu’est-ce que ça aurait changé si j’étais né(e) de l’autre sexe ? » C’est sur cette question que la journée de formation sur « L’égalité homme-femme dans les projets de solidarité internationale » s’est ouverte samedi 1er octobre. Le résultat a été clair : les participantes à la formation se sont centrées sur tous les avantages dont elles auraient pu bénéficier tandis que le seul homme présent a mis l’accent sur les privilèges qu’il aurait pu perdre. Ce qui nous a invités à intégrer la notion de genre pour mieux appréhender la dynamique des rapports entre hommes et femmes qui sont souvent caractérisés par des inégalités.
Par le biais d’exercices impliquant des dessins et des images provenant de magazines nous parvenons à sa définition : des déterminants sociaux viendraient s’ajouter au sexe biologique dans la formation de rôles masculins et féminins soumis à des normes différentes et parfois sources d’inégalités. Ces rôles seraient aussi amplement véhiculés et renforcés par les médias et par les institutions publiques ; c’est pourquoi ils changent très lentement. Pendant longtemps, par exemple, le fait d’être femme a été réduit au simple fait de porter une jupe et « ce n’est qu’en 2010 que le port des pantalons a été autorisé pour les femmes à l’Assemblée nationale » explique Sarahi Gutierrez de l’association Batik International qui a animé la formation avec Charlotte Béret de Frères des Hommes.
Pendant la deuxième partie de la journée les participants ont abordé directement le genre comme outil méthodologique dans les projets de solidarité. Après avoir passé en revue quelques brefs repères historiques - les femmes ont été intégrées dans les projets de développement seulement à partir de la moitié des années 1970 - des études de cas pratiques sont proposées pour identifier l’approche de genre dans des projets de solidarité. Ce que l’on retient ? Cette approche ne concerne pas seulement les femmes de façon isolée mais englobe les interactions entre hommes et femmes pour que cela ne devienne pas contreproductif. Les participants, dont on retrouve des membres de la Pépinière et dont la majorité est issue de filières qui ont une ouverture internationale, se sont montrés très satisfaits d’aborder ce sujet de manière très libre et originelle. « J’ai bien appréciée la proximité dans laquelle on pouvait discuter avec tout le monde » déclare Marine Bregarnier, nouvelle arrivée à la Pépinière et porteuse de projet avec Clémence Morin.
Malgré son importance avérée, l’approche de genre est encore insuffisamment prise en compte dans les projets de solidarité. C’était seulement en 2012 qu’elle a été adoptée par l’Agence française du développement. Le but des formations comme celle organisée par Frères des hommes et Batik est justement celui de nourrir le débat autour de ce thème qui peut sembler abstrait mais qui possède un impact concret sur le développement. « L’intérêt c’est de pouvoir reverser des compétences du monde des ONG à des bénévoles [de la Pépinière] qui vont monter ou accompagner des projets de taille plus réduite mais qui auront quand même un impact certain sur le territoire, affirme Charlotte Béret, cela leur permet d’avoir une grille de lecture un peu plus fine et complète ».